Maltraitance

La maltraitance subit souvent la loi du silence

Dr Nadir Boumendjel

Le docteur Nadir Boumendjel, docteur en médecine interne et spécialisé en gériatrie,  nous a révélé quelques aspects de la maltraitance et sur la manière d’y remédier.

Souvent ce sujet subit la loi du silence. La FEGEM l’a étudié et tout n’est pas rose. L’entourage n’entend pas, ne voit pas et ne parle pas de la souffrance d’autrui. La maltraitance est une large notion, elle porte atteinte aux droits des personnes avec une absence notoire de justification. Il peut s’agir aussi de malveillance ou de négligence. Mais des coups, de la violence, des abus, de la honte, du harcèlement de toute nature peuvent également survenir, comme inspirer la crainte ou menacer de chantage.

Droits de la personnalité

Chaque personne a droit à l’intégrité physique, affective et sociale.

Les Droits humains luttent contre : âgisme, discrimination, contentions mécaniques et chimiques, abus de médicaments, abandon et acharnement diagnostique et thérapeutique ainsi que pour le consentement ou refus libre et éclairé du patient.

Les atteintes à ces droits peuvent varier en intensité. Il peut s’agir d’action ou même d’omission. Le trouble que subit une personne du fait d’un tiers est une atteinte. L’absence de justification est parfois flagrante, elle n’est pas légitimée par une situation d’urgence.

L’auteur de malveillance est conscient de ses actes et doit en accepter les conséquences. Il peut encore s’agir de négligence ou  de manque d’attention dans un contexte de dépendance.

Et la justice?

Dans les institutions (hôpitaux ou EMS) et même à domicile, les personnes sont vulnérables physiquement et psychiquement. Elles dépendent du bon vouloir et de la générosité environnementale.

L’identification juridique dépend de tous ces facteurs. Les conséquences de la maltraitance peuvent être civiles (dommages et intérêts) ou pénales (peines pécuniaires ou privatives de liberté). Il peut encore avoir des suites administratives comme le retrait de l’EMS  (perte d’emploi), l’interdiction de pratiquer ou, pour les institutions, le retrait de droit d’exploiter.

En parler

En cas de doute, il faut parler de ses soupçons de maltraitance à une personne de confiance. Le laisser-aller est une sorte de négligence et est assimilé à de la maltraitance.

L’obligation de signaler ces  conduites est un acte citoyen et un devoir de protection.

A noter que 4 à 5% des personnes âgées sont maltraitées en communauté, 10% le sont dans les hôpitaux. 40% des douleurs ne sont pas traitées et 30% de cas de malnutrition ont été détectés.

En conclusion, il faudrait remplacer la structure mentale des médecins, trop technique et psychorigide par des valeurs plus humaines et une prise en charge globale des soins.

Professeur Charles Henri Rapin

Pour finir, le docteur Boumendjel rend hommage au professeur Rapin sans lequel de nombreux sujets seraient encore aux oubliettes.